nôtre (le)

nôtre (le), nôtre (la), nôtres (les) [notʀ] adj., pron. poss. et n.

ÉTYM. 1080, nostre : du lat. nostrum. → Notre.

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♦ Qui appartient, se rapporte à nous. — REM. Pour les divers sens de nôtre, le nôtre, → Mien (REM au début de l'article).

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I Adj. poss.

1 Vx ou littér. (En fonction d'épithète). ⇒ Nous (à nous, de nous). || Cette idée nôtre : cette idée de nous.

1 Et n'appréhendez plus l'interruption nôtre.

Molière, le Dépit amoureux, II, 6.

2 Je ne suis pas devenu assez idiot (…) pour me dire que ce mien, ce nôtre passage de la trentième année est un incident microscopique (…)

J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XVII, XIX, p. 168.

2 Mod. et littér. (Attribut). À nous.

3 Qu'importe dès lors que les actions, les émotions de ces êtres d'un nouveau genre nous apparaissent comme vraies, puisque nous les avons faites nôtres, puisque c'est en nous qu'elles se produisent (…)

Proust, Du côté de chez Swann, I, p. 126.

4 Mais, dès que cette fusion aura lieu on devra dire que le changement survenu dans notre caractère est bien nôtre (…)

H. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience, p. 132.

REM. Employé en valeur d'adjectif, nôtre peut former un comparatif ou un superlatif. Des parties bien plus nôtres, plus importantes (cit. 1, Montaigne).

5 (…) la vie non encore vécue, la vie relativement future, nous semble une vie plus lointaine, plus détachée, moins utile, moins nôtre.

Proust, la Prisonnière, I, p. 131.

6 Ce que nous avons de plus nôtre (…)

Valéry, M. Teste, p. 47.

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II Pron. poss. (Avec l'article le, la, les). || Le nôtre, la nôtre, les nôtres, pour désigner avec précision l'être ou l'objet qui est en rapport de possession, de parenté, d'intérêt, etc., avec le groupe formé par le locuteur (je, moi) et une ou plusieurs autres personnes (nous). || Votre livre et le nôtre. || Vos idées ne sont pas toujours les nôtres.

♦ (En fonction de sujet). || Quelle facilité est la nôtre… ! (→ Imprimer, cit. 9). || Une marine ne s'improvise (cit. 11) pas, la nôtre était ruinée par l'anarchie.

♦ (En fonction d'attribut). || « Nous n'écoutons d'instincts (cit. 18, La Fontaine) que ceux qui sont les nôtres ». || Ce ne sont pas ses pensées, ce sont les nôtres… (→ Archet, cit. 3).

♦ (En fonction de compl. d'objet direct). || Le chancelier (cit. 2) autrichien a roulé le nôtre. || Leur engeance (cit. 1) valait la nôtre en ce temps-là. || Ils ont leurs soins, et nous les nôtres (→ Inquiéter, cit. 13).

7 (…) on le vit presque en même temps pousser l'aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier le Français à demi vaincu (…)

Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.

♦ (Complément de préposition). || On ne peut pas le comparer au nôtre. || Que la morale (cit. 10) des aveugles est différente de la nôtre ! || Les mœurs qui approchent (cit. 51) des nôtres nous touchent. || Des académies qui peuvent rivaliser avec les nôtres (→ Institut, cit. 4).

8 Les amis de ce pays-là

Valent bien, dit-on, ceux du nôtre.

La Fontaine, Fables, VIII, 11.

9 Ce qu'on aime dans un autre, c'est soi, c'est son plaisir, c'est le plaisir qu'on lui donne et qui est encore une forme du nôtre.

Paul Léautaud, Propos d'un jour, p. 15.

♦ (Dans une comparaison). || Un sort comme le nôtre (→ Arriver, cit. 62). || Ceux qui ont l'esprit fait autrement que le nôtre (→ Morale, cit. 12). || Des pensées plus belles et plus profondes que les nôtres (→ Lecture, cit. 7). || Deux âmes aussi (cit. 4) semblables que les nôtres.

♦ (Accompagné d'un numéral cardinal) :

10 Les deux nôtres (hirondelles) vivaient perchées sur l'épaule, sur la tête (…)

Colette, la Maison de Claudine, p. 66.

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III N.

1 Le nôtre, toujours au masc. sing. (vx). Ce qui est à nous, notre propriété, notre bien. || Nous défendons le nôtre (Littré). — Notre part, notre côté :

11 Pour moi, je ne sais rien : n'attendez rien du nôtre.

Racine, les Plaideurs, II, 14.

2 Du nôtre, en emploi partitif. Ce qui vient de nous. || Nous y mettrons chacun du nôtre. ⇒ Mien (supra cit. 24). || C'est un récit où nous n'avons rien mis du nôtre.

3 Les nôtres : nos parents, nos amis, nos commensaux, nos partisans. || Oui ou non, es-tu des nôtres ? (→ Mien, cit. 26). || Voulez-vous être des nôtres demain soir ? || « Il est des nôtres, il a bu son verre comme les autres » (Chanson à boire).

12 — Je vous promets cependant solennellement un inviolable secret; mais rien de plus (…) — Nous sommes reconnaissants de cette promesse, madame, et nous n'en voulons pas plus, persuadés qu'après le succès vous serez tout à fait des nôtres.

A. de Vigny, Cinq-Mars, XVII.

4 ☑ Loc. Des nôtres. || « Nous avons bien fait des nôtres » (Académie) : nous avons fait des folies, des fredaines.

Encyclopédie Universelle. 2012.